Tuesday, February 9, 2010

L'Histoire du Pélerinage

Le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle comptait durant le moyen âge parmi les trois grands pèlerinages que tout bon Chrétien se devait d'effectuer. Il y avait Rome et le recueillement sur les tombeaux de Pierre et Paul, Jérusalem et le Saint-Sépulcre, et puis à l'extrême ouest européen est apparu Compostelle.

Le pèlerinage de Saint-Jacques est né de la découverte vers l'an 800 du sépulcre de Saint-Jacques, frère de Saint-Jean et grand martyr de la chrétienté.
Saint Jacques aurait eu pour mission de prêcher la parole du Christ dans la péninsule Ibérique. Rentré en Palestine, il est décapité sous l'ordre du roi juif Hérode Agrippa. Son corps livré en pâture aux chiens. Recueillie par ses compagnons, sa dépouille est portée dans une embarcation. Guidée par un ange, l'esquif franchit Gibraltar, puis s'échoue plus tard sur les côtes de Galice.

Vers 800, l'ermite Pelagius reçoit en rêve le lieu du tombeau de Saint-Jacques. Une étoile le guide alors vers un champ, où se trouve le tombeau, c'est le champ de l'étoile, le "campus stellae" qui donnera Compostelle. La nouvelle connue, le Roi Alphonse II fait alors ériger une église. Car très vite arrivent les pèlerins.
Les grands de l'époque ne restent pas indifférents au nouveau lieu. Après l'évêque du Puy, Godescalac, c'est au tour de Raymond II, Comte du Rouergue de prendre la route de Compostelle. Mais il est tué en route par les Sarrasins.
Ceux-ci s'emparent d'ailleurs du sanctuaire en 997 vite repris par les Chrétiens. Du coup, Compostelle devient un des symboles de la Reconquista, cette lutte multiséculaire pour arracher l'Espagne à l'Islam. Saint-Jacques prend le surnom de "matamore", le tueur de Maures.
Autant que les Croisades, Compostelle attire preux chevaliers venus guerroyer avec l'infidèle et obtenir ainsi le pardon de leurs fautes.

La période allant du XIe au XIVe marque alors l'âge d'Or du pèlerinage, certaines sources donnent des chiffres de 500 000 pèlerins par an. Le pèlerinage de Compostelle devient d'autant plus fréquenté qu'en dépit des croisades les portes de Jérusalem se ferment définitivement au milieu du XIIIème siècle avec sa prise par les Turcs.

De toute l'Europe, les "Jacquets" tracent leurs routes -quatre voies principales- sur lesquelles se met en place souvent sous l'impulsion des grandes abbayes un système d'aide aux pèlerins avec, hospices, chapelles, étapes. Il n'empêche, le pèlerinage demeure une épreuve. Aux intempéries succèdent les brigands bien heureux de profiter de l'aubaine de ces braves gens en les détroussant lors de péages imaginaires, quand ce n'est pas simplement pour les laisser pour morts.

Mais au terme de leur périple, ayant parfois traversé l'Europe, échangé avec d'autres, souffert, connu la solitude et les défis de l'inconnu le pèlerin se voit remettre sa coquille, le signe que c'est un homme nouveau qui rentre au pays.

La Guerre de Cent ans en France ralentit le flot. La Réforme et son opposition aux reliques et enfin, le nationalisme des grands royaumes, achèvent de le tarir. Le pèlerinage de Saint-Jacques ne reprendra finalement qu'au XXe siècle.

Pour ce début de millénaire, l'engouement semble réel. Hommes et femmes de toutes générations vivent cette expérience. Seules les motivations ont évolué depuis le moyen-âge.

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