Saturday, February 13, 2010

La Via Piodensis

"La Via Podiensis" au départ du Puy-en-Velay (Haute-Loire) est l’une des 4 voies jacquaires majeures décrites dès le XIIe siècle (avec celles de Paris, Vézelay et Arles) pour rejoindre le sanctuaire espagnol de Saint Jacques de Compostelle.
De toute la chrétienté, les pèlerins venaient y vénérer les reliques de l’apôtre du Christ martyrisé en 44 en Palestine et dont le corps était miraculeusement parvenu sur cette terre de Galice.



Pourquoi Le Puy en Velay ?

La ville était déjà, depuis le Ve siècle, un sanctuaire marial très fréquenté dont la notoriété et le message s’étendaient sur toute l’Europe.
Au Xe siècle, l’évêque Gothescalk, qui passe pour être le premier pèlerin à s’être rendu à Saint Jacques de Compostelle, décide d’associer plus étroitement la cité ponote au sanctuaire espagnol.
Pour renforcer cette volonté, il fit édifier en 962 une chapelle dédiée à Saint Michel sur le rocher volcanique d’Aiguilhe.

Au cours des siècles qui suivirent, le rayonnement du Puy-en-Velay ne fit que croître, attirant des millions de pèlerins venant se recueillir devant la statue de la Vierge Noire, située sur le maître-autel de la cathédrale.
Certains d’entre eux partaient ensuite pour un périple de plusieurs mois (1600 km) vers le Finistère de la péninsule ibérique.
C’est ce double mouvement qui constitue encore de nos jours la spécificité du sanctuaire vellave et de la route du Puy-en-Velay.



Depuis décembre 1998, la cathédrale Notre-Dame du Puy,
l’Hôtel Dieu de la ville
ainsi
que sept tronçons du chemin entre le Puy-en-Velay et Ostabat
sont inscrits
au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO.

Le certificat de pélerinage : la Compostela

La Compostela est le document écrit en latin qui est remis au pèlerin à son arrivée à Compostelle par le Bureau des pèlerinages pour attester qu'il a fait le pèlerinage pour venir se recueillir sur le tombeau de l’apôtre Jacques.


Traduction du texte latin

Le chapitre de cette bienheureuse église métropolitaine et apostolique de Compostelle, garde des sceaux de l'autel du Bienheureux Apôtre Jacques, afin de délivrer un certificat de pèlerinage à tous les Fidèles et Pèlerins du Monde entier, parvenant auprès de saint Jacques, notre Apôtre, patron et protecteur des Espagnes, mus par la dévotion ou par un voeu, au vu des circonstances, certifie que ...

le nom du pèlerin est inscrit en latin

mû(e) par sa foi, a dévotement visité ce très saint Temple.
Au nom de cette foi, je lui remets la présente attestation, munie du sceau de cette Sainte Eglise.

A Compostelle, le ..



L'origine de la compostela

Son origine n'est pas connue avec précision. On peut penser qu'elle est la descendante des attestations que les personnes condamnées au pèlerinage devaient rapporter comme preuve de l'accomplissement de leur peine.
En voici un exemple du 22 août 1321 « samedi avant la fête de saint Barthélémy apôtre », copie de l’attestation rédigée par le garde de la prévôté de Paris qui affirme avoir vu les cinq certificats délivrés par les sanctuaires où Robert Cassel, comte de Flandres a accompli les pèlerinages auxquels il avait été condamné : Notre-Dame du Puy, 7 mai 1321 dont les certificats se présentent comme des « lettres scellées de cire verte en un las de fil vert et signée de seing de tabellion publique », Saint-Gilles le 20 mai où il reçut des lettres « signées de seing de tabellion publique », Notre-Dame de Vauvert, 23 mai avec lettres « scellées d’un scel de cire verte à queue double de parchemin et signées de seing de tabellion publique », Saint-Jacques en Galice, 23 juin, lettres « scellées d’un scel de cire verte mis aud. dos du parchemin » et Notre-Dame de Rocamadour où il reçut le 22 juillet des lettres « scellées d’un scel de cire verte ».


Règlementation du bureau de la cathédrale de Compostelle relative à la Compostela

« Pour recevoir la COMPOSTELA il faut, en principe, faire le pèlerinage depuis la porte de sa maison jusqu'à la tombe de l’apôtre Saint Jacques. Les distances à parcourir étant très différentes d'après le lieu de départ, il a été convenu que le pèlerinage peut-être écourté jusqu'à un strict minimum de 100 Km à pied ou à cheval ou de 200 Km à vélo.
Il faut avoir parcouru au moins les 100 ou 200 derniers Km avant Saint Jacques de Compostelle.

Ceux qui parcourent le chemin en plusieurs tronçons parce qu'ils n'ont pas la possibilité de le parcourir en entier à un moment déterminé ou pour toute autre raison, ne reçoivent pas la Compostela pour chaque fois qu'ils ont parcouru 100 Km. Tous les pèlerins qui parcourent le chemin de cette façon doivent le savoir, afin d'éviter les tensions au moment de leur arrivée.
Autrefois la Compostela était la preuve qu'on avait accompli sa peine ou une pénitence publique. A présent c'est un certificat d'un caractère Spirituel attestant qu'on a fait le pèlerinage traditionnel à Saint-Jacques-de-Compostelle PIETATIS CAUSA.
Il faut savoir que la grâce n'est pas liée à la Compostela.
On peut aussi obtenir cette grâce en se rendant à Compostelle par n'importe quel moyen, sans y aller à pied. D'autre part on peut obtenir la Compostela sans recevoir la grâce.
Pour gagner la grâce il faut :
- Visiter la tombe de apôtre dans la cathédrale et y prier - - On remplit cette dernière condition en assistant à la messe. -
- Se confesser dans la cathédrale ou ailleurs dans un délai de 15 jours avant ou après la visite à la tombe de 1'apôtre, et dans l'intention d'obtenir la grâce.
- Communier, de préférence dans la cathédrale. Les pèlerins peuvent accomplir ces rites dans la cathédrale seuls ou en groupe. Si l'autorité de la cathédrale en est avisée la présence du groupe sera annoncée pendant 1'Eucharistie. Un représentant du groupe peut lire une prière à saint Jacques après 1'Évangile. Le texte, dont la longueur ne peut dépasser une page, doit être communiqué à l'avance à l'autorité de la cathédrale. Celui qui préside l'Eucharistie répondra à cette lecture . On peut implorer la grâce pour la rémission de son propre péché ou pour ceux des défunts. Les malades qui ne sont plus capables de se déplacer peuvent obtenir la grâce sans se rendre à Compostelle et y accomplir les rites prévus. Des conditions spéciales ont été prévues pour eux »


Le passeport du pélerin : la Créanciale ou la Crédencial

La Créanciale de l’Eglise Catholique

Une créanciale est un document de recommandation attestant de l’état de pèlerin.
La créanciale engage celui qui la délivre comme celui qui la présente à ses hôtes, le long du chemin. C’est un signe fort d’appartenance au peuple des pèlerins. C’est aussi le signe d’accueil confiant et réciproque entre le pèlerin, chrétien ou pas, et l’Eglise, car cette créanciale doit être remise en mains propres après un entretien avec un délégué représentant explicitement l’Eglise Catholique sur le sens chrétien du pèlerinage.

Le Credencial del Peregrino

Si on peut se passer du credencial en France si on le souhaite, il est quasiment indispensable en Espagne.
Ce passeport tamponné à chaque étape permet, en cas de besoin, de justifier de votre état de pèlerin en France et en Espagne.
Certaines communautés religieuses ou des particuliers reçoivent pour la soirée étape, suivant leur disponibilité, des pèlerins isolés munis de ce carnet de route.
Cet accueil gratuit est consenti à titre de dépannage et d’échanges. La convenance et la politesse dictent toutefois à chacun de laisser une participation aux frais d’hébergement.

L'origine de la Credencial

La credencial, passeport du pèlerin actuel, qui l'accrédite comme tel, lui ouvre les portes des gîtes et lui permet de solliciter la compostela à son arrivée à Saint-Jacques, fut créée en 1958 par la Société Française des Amis de Saint Jacques de Compostelle.


Les rares pèlerins à pied, à l'époque, se plaignaient en effet d'être arrêtés pour "vagabondage" par la gendarmerie en France, la Guardia Civil en Espagne. La Société des Amis de Saint Jacques les munit donc d'une "lettre de créance" - credencial en espagnol -, en français et en espagnol, dans laquelle elle recommandait le porteur aux autorités ecclésiastiques et civiles, se portant garante pour lui. La forme du document a évolué jusqu'à adopter, à la fin des années 1960, celle que nous lui connaissons aujourd'hui

Au Moyen Âge, un voyageur d’un haut rang social se munissait de lettres du roi, d’un noble important, d’un évêque ou de l’abbé d’un grand monastère, lettres qui établissaient ses noms et qualités et lui permettaient d’être reçu chez les parents, amis ou débiteurs du signataire de la “lettre de créance”. D’autres, qui n’avaient pas de telles relations, voyageaient avec eux pour bénéficier de l’accueil qui leur était réservé tout au long de leur voyage. Seuls donc les pèlerins de haut rang et ayant des relations se prémunissaient des aléas de la route en emportant avec eux des recommandations de personnages connus.

Les voyageurs de condition modeste partaient sans recommandation particulière. Une lettre d’un curé – qui aurait su lire et écrire -, sans aucune notoriété au-delà des limites de sa paroisse, n’aurait servi à rien, même pour dormir dans les hôpitaux ou à l’auberge. Ces voyageurs s’identifiaient oralement comme pèlerins, montraient les insignes qu’ils avaient acquis dans les sanctuaires visités et arboraient fièrement à leur retour la coquille de Saint-Jacques ou les palmes de Jérusalem.

À l’arrivée, le sanctuaire de l’Apôtre accueillait sans réserve tous les peregrini, tous les “étrangers” qui s’y rendaient pour obtenir la rémission de leurs péchés, accomplir un voeu, vénérer le saint ou gagner des indulgences.

Thursday, February 11, 2010

Les itinéraires : les 4 voies historiques



La Voie du Puy

Située en Auvergne, dans le département de la Haute-Loire (43), la ville du Puy-en-Velay a donné son nom à la Via Podiensis.
En l'an 950, Gothescalc, l'évêque du Puy-en-Velay fut le premier pèlerin non espagnol à partir pour Compostelle. Comme on le sait, nombreux furent ceux qui partirent à sa suite, sur cette voie mais aussi en suivant d'autres chemins. De nos jours, beaucoup considèrent que le chemin de Compostelle et la voie du Puy ne font qu'un et l'on assiste à une prédilection de départs sur cette voie. Parmi les quatre grandes voies historiques, elle est aujourd'hui la plus fréquentée. Les candidats, au départ du Puy-en-Velay, sont aujourd'hui des milliers chaque année.
L'attrait de cette voie provient beaucoup de la beauté de son itinéraire, des trésors architecturaux qui la jalonne mais aussi de l'existence d'une forte infrastructure d'accueil et d'hébergement.
Sur les 750 kilomètres de la voie, on trouve des gîtes d'étapes, des refuges de pèlerins et beaucoup d'autres formules d'accueil très diverses. Les distances journalières à franchir ne sont plus commandées par la position des gîtes et la progression des pèlerins s'en trouve facilitée.
Il faut noter que l'affluence peut être cause de désagréments, particulièrement durant les mois d'été. Les 200 premiers kilomètres, soit le tronçon du Puy à Conques, sont très chargés au cours de cette période.
La voie passe par les principales villes suivantes :
Saint-Privat-d'Allier, Monistrol-d'Allier, Saugues, Saint-Alban-sur-Limagnole, Aumont-Aubrac, Nasbinals, Aubrac, Saint-Côme-d'Olt, Espalion, Estaing, Golinhac, Conques dans son écrin, Decazeville, Figeac, Cajarc (ou Béduer en choisissant la variante de la vallée du Célé), Cahors, Lascabanes, Lauzerte, Moissac, Auvillar, Miradoux, Lectoure, Condom, Montréal-du-Gers, Eauze, Aire-sur-l'Adour, Arzacq-Arraziguet, Arthez, Navarrenx, Saint-Palais, Ostabat, Saint-Jean-Pied-de-Port, puis, après une ascension à 1430 mètres, descente vers Roncevaux, première étape en terre d'Espagne.
Ce chemin est un sentier de grande randonnée, le GR 65. Il est balisé sur toute sa longueur et fait l'objet d'une documentation riche et bien conçue permettant de s'y déplacer sans difficulté.
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La Voie d'Arles

La via Tolosana, telle que la nommait Aimery Picaud l'énigmatique auteur du premier guide du pèlerin au XIIè siècle, est aujourd'hui plus communément appelée "voie d'Arles".
Cette voie historique prolongeait les chemins arrivant d'Italie et ceux provenant du grand-est mais passant sous les Alpes.
Elle ne ralliait pas Ostabat comme les trois autres mais bifurquait plein sud à Oloron-Sainte-Marie pour franchir les Pyrénées par le col du Somport et rejoindre les autres voies à Puente la Reina par le Camino Aragonés, (Chemin Aragonais). Cet itinéraire est toujours le même aujourd'hui et le GR653 y a déposé ses marques de balisage.
A partir d'Arles, le GR passe par les principales villes suivantes : Saint-Gilles, Vauvert, Castries, Montpellier, Saint-Guilhem-le-Désert, puis rejoint Lodève, le Bousquet-d'Orb, Murat-sur-Vèbre, la Salvetat-sur-Agout, Anglès, le Rialet, Castres, Dourgne, Revel, puis plonge vers le sud pour bifurquer nord-ouest à 90°, proche d'Airoux et rejoindre Toulouse par Pechbusque et Pouvourville. Le chemin débouche à l'ouest de Toulouse sous l'aéroport de Blagnac, ce qui n'enlève rien au charme de la ville rose.
L'itinéraire passe ensuite par Colomiers, puis longe et traverse une portion de la forêt de Bouconne, avant de rejoindre l'Isle-Jourdain, puis Auch, Ordan-Larroque, Montesquiou, Tillac, Maubourguet, Morlaàs, Lescar, Pau, Oloron-Sainte-Marie, Lurbe-Saint-Christau pour grimper rapidement vers Sarrance Accous, Cette-Eygun, Urdos, jusqu'aux 1631 mètres du col du Somport.

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La Voie de Vézelay

Située en région de Bourgogne, dans le département de l'Yonne (89), la citée abrite la basilique sainte Marie-Madeleine de Vézelay et donne son nom à la Via Lemovicensis. Cette voie prolonge les itinéraires venant des régions nord-nord-est : Belgique, Pays-Bas, Allemagne et au-delà. Des itinéraires balisés et documentés permettent aujourd'hui de rejoindre Vézelay depuis Maastricht et Aix-la-Chapelle.
Sur le tronçon de Vézelay à Gargilesse dans l'Indre, deux branches distinctes coexistent. La branche nord passe par Bourges, la branche sud par Nevers. La voie poursuit ensuite par La Souterraine, Limoges, Périgueux, La Réole, Roquefort-des-Landes, Mont-de-Marsan, Orthez, Saint-Palais, Ostabat, puis Saint-Jean-Pied-de-Port.
Au départ de Vézelay, l'itinéraire jusqu'aux Pyrénées est presque intégralement balisé.

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La Voie de Tours

La via Turonensis est aujourd'hui la voie historique vers Compostelle la moins fréquentée. Il n'en a pas toujours été ainsi car cette voie est la plus ancienne, à la lecture des faits suivants.
Tours abrite en son coeur la basilique et le tombeau de son évêque, Martin, mort en 397.
Déjà très populaire de son vivant, le renom de Martin de Tours a bientôt attiré toute la chrétienté vers son tombeau. Le pèlerinage de Tours débute presque cinq siècles avant le songe de l'ermite Pelayo à Compostelle.
Viendront se recueillir à la basilique, Clovis, Pépin le Bref et Charlemagne, dont l'épouse Luitgarde, décède alors qu'ils sont à Tours. Elle est inhumée dans la basilique Saint-Martin. Plus tard, Saint Louis y sera reçu et c'est encore à Saint-Martin que Philippe-Auguste et Richard Coeur-de-Lion prennent le bâton de pèlerin avant de partir pour la croisade.
Du Vè au Xè siècle, une voie venant du Sud se dessine, variant au rythme des guerres et des troubles que les pèlerins devaient éviter. Dans son livre MARTIN DE TOURS, Charles Lelong trace une carte du pèlerinage de saint Martin au VIè siècle et positionne la voie venant d'Espagne, franchissant les Pyrénées en Pays Basque, lieu de confluence actuel des voies jacquaires.
Lorsque au Xè siècle l'appel de Compostelle semait les chemins de fraîches vocations pèlerines, le passage par Saint-Martin assurait à ceux venant du Nord, une voie déjà ouverte et fréquentée vers le Sud.
Aujourd'hui, au départ de Paris, la voie emprunte le tracé suivant : Chartres et Vendôme par la branche nord ou Orléans et Blois par la branche sud.
A compter de Tours une seule voie poursuit par Sainte-Catherine-de-Fierbois, Sainte-Maure-de-Touraine (réputée pour son fromage de chèvre et son patrimoine historique), Port-de-Piles et Dangé-Saint-Romain, lieu où depuis Tours vous aurez sauté pas moins de cinq fleuves : la Loire, le Cher, l'Indre, la Creuse et la Vienne. On continue jusqu'à Châtellerault, puis Poitiers, Melle, Aulnay, Saint-Jean-d'Angély, Saintes, Pons, Mirambeau, Blaye, Bordeaux, Labouheyre, Onesse-et-Laharie, Dax, Peyrehorade, Saint-Palais, Ostabat, Saint-Jean-Pied-de-Port, pour atteindre Roncevaux en terre d'Espagne.



Le costume du pélerin



Les pèlerins ne portent pas, à l’origine, de vêtements caractéristiques. Mais petit à petit, le costume va se fixer et devenir le signe distinctif du jacquet, lui servir de "sauf-conduit", lui donner droit à la charité des hospices et des fidèles.
Le pèlerin est vêtu d’une robe, que l’on appelle aussi une cotte, serrée à la taille. Par dessus, il a un surcot avec un capuchon, ouvert devant. Au XVe siècle, le collet du chaperon s’élargit et devient une sorte de cape, la pèlerine. Les hommes portent un chapeau de feutre à larges bords qui protégeait à la fois du soleil et de la pluie, les femmes une guimpe. Ils sont chaussés de sandales ou de brodequins mais certains (ou beaucoup ?) vont pieds nus.


Les deux accessoires essentiels sont la besace, sorte de sacoche de cuir qui se porte en sautoir (l’escharpe). L’autre accessoire est le bourdon, gros bâton de 2 mètres de haut environ. Au-dessus de l’endroit de la prise en main, il y a un ou deux renflements où est attachée la gourde, sorte de courge évidée et séchée, nommée aussi calebasse, dans laquelle les pèlerins mettent en réserve les rations supplémentaires de vin fournies par certains hôpitaux. On s’appuie sur le bâton quand on est fatigué mais il peut éventuellement servir à se défendre si l’on est attaqué, soit par des hommes, soit par des animaux.

Le symbole du pélerinage : la coquille Saint-Jacques



Les jacquets les ramassaient sur les plages de Galice et les ramenaient chez eux, comme preuve de l’accomplissement d’un vœu et comme souvenir. Mais ils pouvaient aussi en acheter à Compostelle sur le parvis de la cathédrale… De plus en plus, les pèlerins la portent fixée au chapeau ou à la cape. Elle est également sculptée sur la plupart des statues de l’apôtre pour le rendre reconnaissable.



Pourquoi la coquille ? On ne le sait pas exactement : dans l’Antiquité, les coquillages au sens large étaient des symboles d’amour et étaient censés protéger de la sorcellerie, du mauvais sort, de toutes sortes de maladies. Mais y a-t-il un symbole chrétien ?











Selon une légende, un prince, précipité dans les flots par un cheval emballé, en aurait été retiré par Saint-Jacques et en serait sorti, couvert de coquilles, qui depuis, portent son nom.

Tuesday, February 9, 2010

L'Histoire du Pélerinage

Le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle comptait durant le moyen âge parmi les trois grands pèlerinages que tout bon Chrétien se devait d'effectuer. Il y avait Rome et le recueillement sur les tombeaux de Pierre et Paul, Jérusalem et le Saint-Sépulcre, et puis à l'extrême ouest européen est apparu Compostelle.

Le pèlerinage de Saint-Jacques est né de la découverte vers l'an 800 du sépulcre de Saint-Jacques, frère de Saint-Jean et grand martyr de la chrétienté.
Saint Jacques aurait eu pour mission de prêcher la parole du Christ dans la péninsule Ibérique. Rentré en Palestine, il est décapité sous l'ordre du roi juif Hérode Agrippa. Son corps livré en pâture aux chiens. Recueillie par ses compagnons, sa dépouille est portée dans une embarcation. Guidée par un ange, l'esquif franchit Gibraltar, puis s'échoue plus tard sur les côtes de Galice.

Vers 800, l'ermite Pelagius reçoit en rêve le lieu du tombeau de Saint-Jacques. Une étoile le guide alors vers un champ, où se trouve le tombeau, c'est le champ de l'étoile, le "campus stellae" qui donnera Compostelle. La nouvelle connue, le Roi Alphonse II fait alors ériger une église. Car très vite arrivent les pèlerins.
Les grands de l'époque ne restent pas indifférents au nouveau lieu. Après l'évêque du Puy, Godescalac, c'est au tour de Raymond II, Comte du Rouergue de prendre la route de Compostelle. Mais il est tué en route par les Sarrasins.
Ceux-ci s'emparent d'ailleurs du sanctuaire en 997 vite repris par les Chrétiens. Du coup, Compostelle devient un des symboles de la Reconquista, cette lutte multiséculaire pour arracher l'Espagne à l'Islam. Saint-Jacques prend le surnom de "matamore", le tueur de Maures.
Autant que les Croisades, Compostelle attire preux chevaliers venus guerroyer avec l'infidèle et obtenir ainsi le pardon de leurs fautes.

La période allant du XIe au XIVe marque alors l'âge d'Or du pèlerinage, certaines sources donnent des chiffres de 500 000 pèlerins par an. Le pèlerinage de Compostelle devient d'autant plus fréquenté qu'en dépit des croisades les portes de Jérusalem se ferment définitivement au milieu du XIIIème siècle avec sa prise par les Turcs.

De toute l'Europe, les "Jacquets" tracent leurs routes -quatre voies principales- sur lesquelles se met en place souvent sous l'impulsion des grandes abbayes un système d'aide aux pèlerins avec, hospices, chapelles, étapes. Il n'empêche, le pèlerinage demeure une épreuve. Aux intempéries succèdent les brigands bien heureux de profiter de l'aubaine de ces braves gens en les détroussant lors de péages imaginaires, quand ce n'est pas simplement pour les laisser pour morts.

Mais au terme de leur périple, ayant parfois traversé l'Europe, échangé avec d'autres, souffert, connu la solitude et les défis de l'inconnu le pèlerin se voit remettre sa coquille, le signe que c'est un homme nouveau qui rentre au pays.

La Guerre de Cent ans en France ralentit le flot. La Réforme et son opposition aux reliques et enfin, le nationalisme des grands royaumes, achèvent de le tarir. Le pèlerinage de Saint-Jacques ne reprendra finalement qu'au XXe siècle.

Pour ce début de millénaire, l'engouement semble réel. Hommes et femmes de toutes générations vivent cette expérience. Seules les motivations ont évolué depuis le moyen-âge.